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Sénégal : le Conseil constitutionnel plonge le pays dans l’inconnu en annulant le report de l’élection présidentielle

La décision est un désaveu cinglant pour le pouvoir sénégalais. Le Conseil constitutionnel a invalidé, jeudi 15 février, le report au 15 décembre de l’élection présidentielle, plongeant un peu plus le pays dans l’incertitude. Saisie par plusieurs membres de l’opposition et une dizaine de candidats à la magistrature suprême, l’instance a déclaré « contraire à la Constitution » la loi repoussant de dix mois le scrutin qui devait se tenir le 25 février et le maintien du président Macky Sall à son poste au-delà du terme de son mandat.
Bien qu’elle abroge également le décret présidentiel qui, de facto, modifiait le calendrier électoral, l’instance ne fixe pas de nouvelle date pour le scrutin. Compte tenu du retard pris par le processus, elle se borne à constater « l’impossibilité d’organiser l’élection présidentielle à la date initialement prévue » du 25 février et « invite les autorités compétentes à la tenir dans les meilleurs délais ».
Annoncée par le président Macky Sall le 3 février et entérinée deux jours plus tard par le vote d’une proposition de loi lors d’une séance agitée à l’Assemblée nationale, au cours de laquelle les élus de l’opposition ont été expulsés, la décision de reporter l’élection a créé un séisme politique dans un pays où les échéances présidentielles avaient toujours été respectées depuis l’indépendance, en 1960.
Saisi par des opposants qui considéraient ce décalage de calendrier inconstitutionnel, le Conseil constitutionnel était particulièrement attendu même si le chef de l’Etat sénégalais ne s’est pas engagé à suivre son avis. « Lorsque la décision sera prise, je pourrai dire ce que je ferai », a-t-il déclaré, le 9 février, à l’agence Associated Press. Plusieurs responsables de la mouvance présidentielle jugent en effet que les membres du Conseil n’ont pas autorité à contrôler une loi constitutionnelle. Une interprétation que les sept sages ont battue en brèche, s’estimant « compétents » pour se prononcer sur la légalité des textes.
La juridiction se trouve néanmoins dans une position inconfortable. Tenue à l’impartialité, elle est accusée d’avoir influencé le processus électoral. Deux de ses sept juges ont été accusés de corruption par le Parti démocratique sénégalais (PDS), pour avoir éliminé son candidat, Karim Wade, le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade (2000-2012), de la course à la présidentielle. Il lui a été reproché de ne pas avoir renoncé à temps à sa nationalité française, la Constitution exigeant que tout prétendant à la magistrature suprême soit exclusivement sénégalais.
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